Chers Collègues,
À l’heure où j’écris cet éditorial, la médecine libérale est en colère. Les raisons, comme chacun le sait, sont multiples. L’attitude récente des pouvoirs publics et de certains de nos élus qui souhaitent mettre en place des mesures coercitives ou de délégation de tâches pour régler le problème de l’accès aux soins en médecine de ville est insupportable. Nous savons tous, comme il est régulièrement répété, que cette situation n’est pas le fait des médecins mais d’une politique comptable conduite depuis des années avec comme seul objectif un contrôle des dépenses de santé. Il faut se souvenir qu’à une certaine période des médecins ont pu bénéficier d’une pré retraite, aberration qui prend toute son ampleur au vu de la situation actuelle.
La néphrologie libérale a elle aussi connu au cours de cette année, des raisons de se rebeller. La principale étant la diffusion de l’émission « Envoyé Spécial » qui a présenté la néphrologie libérale de manière indigne et calomnieuse en début d’année.
Nous nous sommes interrogés au sein du bureau du Syndicat des Néphrologues Libéraux sur l’attitude que nous devions avoir à la suite de cette émission. Laisser l’enchainement médiatique et le temps faire son œuvre était une option, une autre était de déclencher une procédure en diffamation. Il suffisait, de visionner l’intégralité de cette émission pour se rendre compte que la 2e solution était une évidence. Nous sommes, comme chacun sait, victimes depuis plusieurs années d’une campagne de dénigrement orchestrée et relayée par certains médias. Nous avons tenté de répondre à plusieurs reprises de manière pondérée et objective sans avoir été aucunement entendus.
La procédure a donc été lancée et commence à être visible par les investigateurs de cette émission. Il faudra bien entendu être patient pour, nous l’espérons, obtenir réparation du préjudice subi. Il est possible que la décision que nous avons prise, entraîne des réactions encore plus virulentes à notre encontre. Nous vous conseillons de garder sans froid et distance et de ne pas tomber dans la surenchère. Les avocats spécialisés que nous avons sollicités, se chargeront de notre communication.
L’année 2022 a été également une année importante, car comme annoncé dans l’éditorial précédent, la refonte de la CCAM a débuté avec plusieurs réunions qui se sont déjà déroulées. Nous étions et sommes représentés par trois néphrologues libéraux qui ont été particulièrement actifs afin de faire passer nos principaux messages : maintien d’une rémunération à l’acte pour les centres lourds, évolution vers une forfaitisation graduée pour le hors centre : unité de dialyse médicalisée, auto dialyse, hémodialyse à domicile. Les propositions ont été bien accueillies par les membres des commissions, notamment nos confrères des secteurs publics et associatifs. Il reste que rien n’est acquis. Des arbitrages auront lieu entre les différentes spécialités. Mais nous avons des atouts à faire valoir. Notre spécialité, ne souffre en effet pas de sous-représentation médicale dans les territoires dans lesquels elle est implantée. Il existe en effet très peu de centres de dialyse privés où il manque des néphrologues libéraux. D’autre part, la quasi-totalité des néphrologues exerce en secteur 1 comme cela est régulièrement rappelé aux tutelles.
Nous avons été alertés au cours de cette année par plusieurs de nos confrères sur les problèmes du manque de personnel paramédical dans les centres d’hémodialyse. Ceci a poussé certains d’entre nous sous la pression des directions d’établissements à travailler sans respecter les normes habituelles de personnel, ou à devoir transférer des malades afin de ne pas s’exposer à des complications qui pourraient mettre en cause notre responsabilité médicale. Le Syndicat des Néphrologues Libéraux, a fait de son côté, un relais de cette situation auprès de certaines ARS et de l’association France Rein tout en restant lucide sur les limites de ce type de démarche. Nous pouvons simplement espérer, que la fin des aides financières octroyées par les tutelles aux établissements de santé à la suite du COVID permette une amélioration à moyen terme.
En ce qui concerne les patients suivis en consultation, le discours que nous tenons depuis de nombreuses années reste plus que valable. Nous devons rester les seuls et uniques responsables du parcours de soins de nos patients insuffisants rénaux chroniques au-delà d’un certain stade de la maladie rénale. Les forfaits MRC mis en place il y a plus de deux ans ne satisfont toujours pas l’ensemble des acteurs. Nous travaillons à mettre en place de manière expérimentale une solution alternative qui nous l’espérons verra le jour dans l’année à venir.
Les ESS (Equipes de Soins Spécialisés) se développent progressivement dans différentes spécialités : cardiologie, neurologie. La néphrologie nous paraît être une spécialité tout à fait adaptée à ce type de travail collaboratif et nous espérons que des projets de ce type seront validés dans notre spécialité durant l’année 2023.
Enfin l’année 2022 a été marquée par la nomination du Dr José Brasseur à la tête du CNP de néphrologie. José Brasseur a, de fait, démissionné de la présidence du Syndicat des Néphrologues Libéraux. Il vous explique, dans son éditorial les règles de la certification qui nous concerneront dans les années à venir. Nous tenons à le remercier du travail accompli au cours de ces années de présidence. Il continuera à se joindre à nos réunions et nous fera part de son point de vue éclairé.
Enfin, comme chaque année, nous remercions chaleureusement les néphrologues libéraux qui nous font confiance en ayant renouvelé ou pris leur adhésion à notre syndicat. Ceci reste une source majeure de motivation pour continuer à défendre notre spécialité et à la faire évoluer.
Bonne fin d’année à tous
DR GOUPY
Secrétaire Général SNL
docteurgoupy@yahoo.fr